Une écume de poissons dans l’Atlantique

Le 03 Février 2022, l’un des plus gros navires de pêche du monde a déversé des centaines de milliers de poissons morts dans l’Atlantique. Le chalutier néerlandais FV Margiris (6 200 tonnes et 143 mètres de long) a formé un tapis flottant de carcasses (essentiellement composé de merlans bleus, une sous-espèce de morue utilisée dans l’industrie pour la production de bâtonnets de poissons) sur une partie de l’océan.

Le groupe industriel de pêche PFA, propriétaire du navire, a indiqué que le déversement a été « accidentellement » causé par la rupture d’un filet de pêche et ont qualifié cet évènement de « rarissime ».

Le groupe Sea Sheperd a publié des photos de la catastrophe tout en affirmant leur doute quant à la théorie du « simple accident ». En effet, suite à l’émission d’un règlement par l’U.E. dans le but de réduire les méthodes de pêche non sélectives, un navire a l’obligation de retourner au port pour décharger les prises non désirées avant de repartir en mer. C’est un long processus, contraignant et coûteux pour la plupart de ces bateaux, a expliqué Layma ESSEMLAI chef du groupe.

Malheureusement, cela créée une grande tentation pour certain qui une fois en mer, sans aucun contrôle ni aucun témoin, jettent par-dessus bord tout ce qu’ils ne souhaitent pas.

Une enquête sur l’accident a été ouverte par l’autorité nationale de pêche du pays sur demande de la ministre française maritime, Annick GIRARDIN. Elle explique également que ce navire est « habitué » à ce genre d’incidents, puisqu’il a déjà été mis en cause dans le rejet de captures non désirées et suite aux diverses protestations des militants écologistes, celui-ci a été obligé de quitter les eaux australiennes en 2012.

Les écologistes du Royaume-Uni avaient eux aussi tenté de le faire expulser des eaux britanniques en 2019, ils n’avaient pas réussi car faisant encore parti de l’Union Européenne, le pays n’avait pas autant de marge de manœuvre qu’avait l’Australie.

De plus, les méthodes utilisées par ces chalutiers sont souvent fortement critiquées par les écologistes : le Margilis utilise des filets mesurant plus d’un kilomètre de long trainant dans l’océan et entrainant le poisson dans des « usines embarquées ».

Le groupe Sea Sheperd dénonce cette pratique dont découle des conséquences néfastes telles que l’affamement des dauphins. Ceux-ci sont forcés à chasser plus près des côtes, les conduisant ainsi que tout autres mammifères marins à se faire piéger dans les filets de pêche pour mourir d’asphyxie. Au cours des dernières années, on compte des milliers de dauphins échoués sur les côtes françaises.

On note un certain laxisme de la part de la France en matière de contrôle. Selon la co-fondatrice de Sea Sheperd, Layma ESSEMLAI, « ce n’est pas l’Europe qui empêche la France de prendre les bonnes mesures, c’est plutôt la France qui freine des deux pieds à chaque fois que l’Europe veut renforcer les contrôles sur le sujet ».

Il est donc essentiel que la sensibilisation et le suivi des pêcheurs devienne une priorité, tout comme les sanctions leur incombant afin de préserver la survie des océans, puisqu’aujourd’hui, la pêche ou surpêche est la principale menace.

Sea Sheperd demande donc à ce que des caméras embarquées soient imposées à bord de ces navires, afin d’identifier et de maintenir à quai les bateaux les plus destructeurs. Pour ceux naviguant en mer, qu’ils soient mieux contrôlés et qu’ils rendent des comptes pour ne pas s’en tenir à la simple version des armateurs.

Elle rappelle également que la France a le plus grand littoral d’Europe, ce qui en fait la deuxième puissance maritime mondiale et la seule au monde à être présente sur tous les océans de la planète. Elle affirme que la défense des océans devrait donc être une cause nationale.

A quelques jours de l’ouverture du sommet « One Ocean Summit », organisé par Emmanuel Macron, nous espérons tous qu’il y aura eu suffisamment d’écho dans la société à ce sujet pour accélérer les prises décisions politiques.