Les impacts méconnus des feux de forêts

Ces dernières années, et encore cet été, les feux de forêts se sont multipliés. En ravageant des milliers d’hectares, ils ont des conséquences dramatiques sur l’environnement, la biodiversité, l’économie et le tourisme. Mais les feux de forêts ont d’autres impacts, moins connus et moins relayés par les médias. En effet, les panaches de fumée ont aussi un lourd impact sanitaire. Elles augmentent le risque de pollution, provoquent une hausse du taux de particules fines et une forte concentration de polluants dans l’atmosphère. Et ce même à des kilomètres des sites de feux. Zoom sur les impacts méconnus des feux de forêts…

Les feux de forêts émettent de nombreux polluants

Lorsqu’une forêt brûle, le panache de fumée qui s’en dégage est constitué d’un mélange de divers composants : du dioxyde de carbone (CO2), d’une part, mais aussi des particules fines, du monoxyde de carbone (CO), des oxydes d’azote (NOx) ou encore de l’acroléine, du formaldéhyde et du benzène. Pendant ou après les feux de forêts, les autorités peuvent procéder à une mesure de la qualité de l’air pour détecter les éventuels risques pour la santé. Les concentrations de particules dans l’air ambiant sont suivies de près car ce sont les plus préoccupantes. Il faut dire qu’elle peuvent atteindre des valeurs jusqu’à 3 fois plus élevées qu’en temps normal.

En 2002, suite aux violents incendies au Canada, le pays a été touché par un smog, un brouillard épais fait de de polluants atmosphériques, de particules fines et d’ozone. Le taux de particules fines atteignait alors 35 µg/m³ avec des pics à 100 µg/m³ en sachant que le seuil maximal est de 27 µg/m³ sur 24h. Cette pollution engendrée par les feux de forêts a d’autant plus d’impacts qu’elle se propage à plusieurs centaines voire plusieurs milliers de kilomètres. Et elle n’est pas sans conséquences sur la santé…

Les impacts sanitaires des feux de forêts

L’acroléine, le formaldéhyde et le benzène qui peuvent se dégager des fumées forment un mélange particulièrement toxique voire cancérigène pour l’homme. Ils expliquent les risques importants de cancers chez les sapeurs-pompiers et les maladies qu’ils présentent sur de longs termes. Ces substances peuvent irriter les yeux et provoquer des troubles du système respiratoire. Mais les particules fines sont les composés ayant le plus d’impacts sur la santé. On distingue 2 types de particules fines : les PM10 (particules de moins de 10 micromètres) et des PM2,5 (particules de moins de 2,5 micromètres). Parce qu’elles pénètrent profondément dans les poumons, les PM10 provoquent des problèmes cardiorespiratoires : asthme, bronchites, infections respiratoires aiguës…

En 2002, en Malaisie, alors que le taux de particules fines PM10 avait atteint les 400 µg/m³, les médecins ont constaté une augmentation des décès et des admissions hospitalières en raison de problèmes cardiorespiratoires. La fumée des incendies est irritante et toxique et engendre de nombreux symptômes : yeux qui piquent, difficultés respiratoires, maux de tête, palpitations cardiaques… La menace est réelle. Pourtant, l’impact sanitaire des feux de forêts est encore mal connu et peu d’études permettent d’évaluer leurs conséquences sur la population.