Les feux de forêt semblent être la dernière préoccupation des Etats
L’été dernier, l’OMPE lançait sa compagne « STOP, ça suffit ! » : un véritable signal d’alarme quant aux feux de forêt et l’occasion de demander la tenue d’urgence d’états généraux. Cette campagne a suscité une mobilisation citoyenne et recueilli plus de 25 000 signatures ! Dans la foulée, le 23 octobre 2017, l’OMPE posait la première brique du PFM 2018 (Plan contre les Feux Mondiaux 2018) en envoyant 21 invitations aux 21 ministres et gouverneurs des pays et États concernés par les feux de forêts et l’augmentation des vagues de sécheresse. Plusieurs mois après, qu’en est-il de la situation ? Devons-nous encore nous attendre à un été sous les flammes ?
Des feux de forêt de plus en plus grands, nombreux et longs à éteindre
Parce qu’engagée depuis des années et indignée par l’absence totale de prise en compte par les états, faire le bilan des feux de forêt est toujours douloureux pour l’OMPE… A l’heure où le gouvernement lance sa nouvelle campagne de prévention des feux de forêts, notre ONG souhaite faire un état des lieux de la situation.
- Des feux de forêts plus nombreux…
Depuis 1997, la France doit faire face à environ 4000 feux de forêt chaque année, essentiellement dans le Sud. Si le nombre d’incendie a baissé de 50 % en 15 ans, il semble repartir à la hausse. Le monde se souvient encore des vagues de sécheresse de 2017, des incendies au Portugal, aux États-Unis ou encore au Canada. Durant l’été 2017, l’Europe a dû faire face à 3 fois plus de feux de forêts ! Malheureusement, ce type de situation devrait se multiplier dans le futur. Selon le rapport de la mission interministérielle chargée d’évaluer les conséquences du changement climatique sur les feux de forêts, la moitié de la forêt française sera menacée par les incendies d’ici 2050, avec des pics de chaleur qui dépasseront les 50°C.
- plus grands et plus longs à éteindre
280 000 hectares : c’est la superficie détruite par les feux de forêt en Europe, durant l’été 2017. Depuis le 1er Janvier, près de 185 000 hectares de terres ont été détruits dans le monde par des incendies. Tous les ans, c’est à peu près 350 millions d’hectares qui partent en fumée soit plus de 11 hectares par seconde. Combinés à une végétation plus sèche dans de nombreuses régions et des situations de sécheresse importante, les feux de forêts sont de plus en plus longs à éteindre. En 2017, les pompiers dénonçaient déjà leur manque de moyens face aux incendies : « On a des avions qui sont en panne, on a des avions sans pièces détachées ». Seule solution : faire appel à des pays étrangers pour intervenir sur les feux de forêt français !
Pour remédier au problème, la France a décidé d’augmenter sa flotte de bombardiers d’eau avec l’achat de 6 Q400MR à la société canadienne CONAIR, pour la modique somme de 400 millions d’euros. La première livraison est prévue à l’été 2019… Si l’OMPE ne peut que se réjouir de cette nouvelle acquisition qui viendra enfin compléter la flotte vieillissante d’avions français de type Tracker, il est dommage que l’État soit toujours dans la même manière d’aborder les feux de forêt : des dépenses d’argent, toujours et encore, sans remise en cause des systèmes de défense qui consiste à jeter de l’eau sur les flammes. Pourquoi l’État ne prend-il pas en compte de nouvelles mesures avant-gardistes comme celles proposées par l’OMPE avec le SEURFF (Système d’Extinction Ultra-Rapide des Feux de Forêts) ? L’objet : éteindre les feux de forêt en une journée ou en quelques heures seulement dans le but de diminuer fortement la pollution de l’air, la déforestation, les pertes humaines et le réchauffement climatique.
Feux de forêt : des prises de décision bien minces
D’un point de vue humain, matériel, économique ou environnemental, les feux de forêt sont de véritables catastrophes.
- En 2016, les importants incendies dans la région d’Alberta, à l’Ouest du Canada, avaient provoqué d’importants problèmes de santé en raison de la quantité de particules fines et de gaz toxiques libérés. Des panaches de fumée dispersés sur des milliers de kilomètres… Lors de l’incendie qui a ravagé le Luberon, le taux de particules fines de l’air avait atteint 98 µg/m³ (la valeur limite à ne pas dépasser étant de 50 µg/m³).
- D’une point de vue environnemental, et selon WWF, le rythme de destruction des forêts est responsable de « presque 20 % des émissions globales de gaz à effets de serre » au niveau mondial, participant ainsi directement au réchauffement climatique. Le problème, c’est que le réchauffement rend les feux de forêts plus fréquents. Un vrai cercle vicieux… Certaines études estiment même que les feux émettent autant de carbone que tout le secteur des transports !
- C’est sans compter le danger couru par la faune comme dans le massif du Luberon qui, en été 2017, a perdu 98 % de ses animaux : passereaux, petits rapaces, lapins et sangliers. Cela a également été le cas pour les animaux lents comme la tortue d’Hermann qui, dans le Var, était une espèce en voie d’extinction. Elle est la seule espèce de tortue terrestre de France à vivre à l’état sauvage. Durant les feux de l’été 2017, 90 % des spécimens de cette espèce ont été retrouvés morts, selon le conservatoire régional d’espaces naturels (Cen) de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
- Enfin, l’impact d’un feu de forêt sur la flore est lié à son intensité. Si la biodiversité parvient à retrouver sa richesse, cela prend du temps. Le problème qui se pose actuellement est que les feux de forêt tendent à se répéter toujours dans les mêmes régions voire dans les mêmes zones. De ce fait, et associé à des périodes de sécheresse à répétition, les espèces perdent petit à petit leur capacité à se régénérer.
Pendant ce temps-là, peu ou pas d’action des états. Notre PFM 2018 et les invitations lancées aux ministres et gouverneurs des pays et États concernés par les feux de forêts sont restés sans réponse… La saison des feux de forêt ne fait que commencer : à l’heure actuelle, un incendie dévaste les abords du célèbre signe Hollywood, en Californie. La France, quant à elle, vient de lancer sa campagne de prévention contre les feux de forêt, une campagne contre « l’imprudence » chargée d’indiquer aux Français les bons gestes à adopter. Une opération à rajouter dans la case dépense…
L’OMPE souhaite que les états comprennent qu’il faut mettre en place un Plan de Mutualisation des Forces de Lutte Contre les Incendies Mondiaux et s’équiper du SEURFF (système d’extinction ultra-rapide des feux de forêts) pour enfin donner aux pompiers des moyens modernes et efficaces de lutte. Nous sommes donc dans l’attente de soutiens, particuliers ou sociétés, pour faire connaître nos idées auprès des décideurs du monde entier : les feux de forêt sont un fléau dévastateur que l’OMPE a classé dans la catégorie extrême des ARC (Accélérateurs du Réchauffement Climatique).