L’économie verte crée-t-elle des emplois ?

Selon la dernière étude menée et publiée par l’Organisation Internationale du Travail (OIT), l’économie verte serait créatrice d’emploi… Et pas qu’un peu puisqu’elle pourrait faire travailler 24 millions de personnes dans le monde, avant 2030. La lutte pour limiter le réchauffement climatique, la transition vers une agriculture durable, le recyclage… sont donc de possibles solutions pour compenser et créer des emplois tout en promouvant une économie plus respectueuse de l’environnement. Mais qu’en est-il réellement ? Une analyse de cette nouvelle étude s’impose pour mieux comprendre l’enjeu de l’économie verte sur les créations d’emplois dans le monde.

L’économie verte crée-t-elle vraiment des emplois ?

Selon les conclusions du nouveau rapport de l’Organisation Internationale du Travail, les politiques en faveur d’une économie verte pourraient créer environ 40 millions d’emplois dans le monde et dans divers secteurs. Mais qu’entend-on par « économie verte » ? La définition est vaste : selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’économie verte concerne toutes les activités économiques qui entraînent « une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources ». Ainsi, elle est constituée de 6 secteurs principaux : l’énergie renouvelable, la construction écologique, les moyens de transport, la gestion de l’eau, la gestion des déchets et l’aménagement du territoire.

Actuellement, l’économie verte représente près de 4 millions d’emplois en France, la plupart dans la production et la distribution d’énergie et d’eau, dans l’assainissement et le traitement des déchets. Sur ces 4 millions d’actifs, seulement 75 000 travaillent dans le secteur de l’agriculture. Si l’économie verte venait à se développer davantage, elle pourrait ainsi créer 2 millions d’emploi en Europe. Une autre étude menée par l’Observatoire national des emplois et métiers de l’économie verte (Onemev) en 2017 a mis en évidence la dynamique de l’emploi engendrée par l’économie verte dans le secteur primaire. Les emplois y seraient plus nombreux et souvent de meilleure qualité (actuellement, 89 % des emplois dans le « vert » sont en CDI), notamment dans les moyennes et grandes fermes biologiques. Mais les conséquences de ce changement ne seraient pas les mêmes pour tout le monde…

Des créations d’emploi inégales

Selon l’OIT, une agriculture plus respectueuse conduirait en parallèle à la suppression de 120 millions d’emplois dans le monde en raison, entre autres, de l’abandon de l’agriculture intensive dans les pays en développement.

La création nette d’emplois concernerait essentiellement les pays développés et industrialisés (Amérique, Asie, Pacifique et Europe) et impacterait sévèrement le Moyen-Orient et l’Afrique, largement dépendantes des énergies fossiles et des mines. Pour que la tendance s’inverse et pour faire en sorte que l’économie verte soit profitable dans ces régions, il serait judicieux pour elles de revoir leurs actions politiques et de considérer la réalité des défis environnementaux.

Bien plus qu’un développement du monde du travail, l’économie verte répond également à l’urgence de la transition vers un environnement durable et à la réalité climatique. Lutter contre le changement climatique, en plus de créer 24 millions d’emplois dans le monde, permettrait surtout de minimiser les répercussions négatives des activités humaines sur la planète.