Le monde agricole marche-t-il sur la tête ?
Depuis plusieurs années, nombreuses sont les associations et ONG de protection de l’environnement qui remettent en cause le monde agricole actuel. Saviez-vous, par exemple, que 1000m3 d’eau sont nécessaires pour produire une tonne de blé ? Ou, qu’en France, 80 % des céréales que nous cultivons sont destinées à nourrir les animaux et non à l’alimentation humaine ? Ou encore que 32 % du maïs cultivés dans le monde sont génétiquement modifiés ? Nous sommes donc en droit de nous demander si le monde agricole actuel ne marche pas sur la tête…
La problématique agricole en France et dans le monde
Dans un précédent article, l’OMPE avait mis en évidence le rôle que jouait l’agriculture sur la pollution atmosphérique. Pour rappel, les secteurs de l’élevage et de l’agriculture représentent, à eux seuls, la principale source d’émissions d’ammoniac, soit 97 % des émissions nationales ! L’agriculture, c’est aussi l’utilisation de 68% de l’eau consommée en France… Pour autant, ce ne sont pas les seules situations aberrantes. Une étude récente a ainsi mis en évidence l’une des grandes problématiques agricoles en France et dans le monde : la culture intensive.
L’agriculture intensive, aussi appelée agriculture conventionnelle, est apparue en France dans les années 60. L’objectif : « augmenter les rendements agricoles, produire en plus grande quantité grâce à de nouveaux moyens de production ». C’est ainsi que nous sommes arrivés aux 28 millions d’hectares aujourd’hui occupés par des activités agricoles, sur les 55 millions d’hectares que compte le territoire métropolitain. De plus, si en 1955, 0,8 % des exploitations agricoles occupaient plus de 100 hectares, elles sont aujourd’hui 12 % à les dépasser. Mais l’agriculture va t-elle mieux pour autant ? Cela semble moins sûr puisque ce nouveau modèle de culture intensive a des impacts forts sur de nombreux aspects en termes de :
-
conséquences sur l’environnement : la culture intensive est d’abord un fléau pour l’environnement et la biodiversité. Depuis son apparition et le début de l’utilisation d’engrais chimiques, de pesticides, de fongicides et d’herbicides dans le but d’augmenter les productions, l’agriculture intensive est en grande partie responsable de la pollution des sols, des nappes phréatiques et de l’air. Les scientifiques notent également une perte de biodiversité et une nette diminution des pollinisateurs. Sans compter l’appauvrissement des terres cultivées, la détérioration des écosystèmes et l’accélération de l’érosion ;
-
conséquences sur la santé : si l’agriculture intensive impacte lourdement l’environnement, elle est aussi responsable de nombreux problèmes de santé tels que des troubles respiratoires, des cancers, de l’asthme, des problèmes sur le système nerveux et le système reproductif… Si les agriculteurs sont les premiers à être touchés de plein fouet par les pesticides (les chiffres ne sont malheureusement pas connus), les consommateurs sont eux aussi des « victimes collatérales » de l’agriculture intensive ;
-
conséquences sur la surface agricole utile (SAU) : contrairement à ce que l’on peut penser, et même si la France reste un pays majoritairement agricole, le territoire français perd 220 hectares de terres agricoles par jour. Entre 1960 et 2010, la surface agricole utile (SAU) a diminué de 25 % ! Un phénomène qui touche davantage la France que les autres pays européens. Pourquoi ? En raison de l’urbanisation du pays, d’une part, mais aussi et surtout de l’abandon de l’activité agricole par les agriculteurs, de moins en moins nombreux. Le nombre d’exploitants agricoles a fondu de 21 % entre 2000 et 2010 et 3% disparaissent chaque année depuis les années 1950.