La monoculture est-elle vraiment rentable ?
Dans un précédent article, l’OMPE s’interrogeait sur la logique du monde agricole et, entre autres, sur 2 grandes problématiques en France : la culture intensive et la monoculture. Il n’est plus rare aujourd’hui, dans certaines régions de France, de traverser des kilomètres de vastes étendues de maïs ou de blé… En appliquant les mêmes modes de culture, d’irrigation, de fertilisation et de récolte à leurs parcelles, les céréaliers peuvent produire de grandes quantités à très faible coût. Mais la monoculture est-elle vraiment rentable ?
La monoculture gagne du terrain
Aujourd’hui, sur les grandes plaines de Beauce, de Brie, de Champagne, de Picardie ou encore du Poitou, une seule espèce de céréale (généralement du blé ou du maïs) s’étend à perte de vue, sur des milliers d’hectares. On estime, en France, que la monoculture de maïs s’étend sur 519 000 hectares et concernent 13 600 exploitations (soit environ 13 % des exploitations françaises cultivant du maïs). En quelques années, la monoculture intensive a profondément bouleversé les paysages de nos régions. Les espaces semi-naturels, les bosquets, les haies et les mares ont laissé place à des parcelles plates et uniformes, bien plus pratiques pour le tracteur et la moissonneuse-batteuse.
Entre 1970 et 2000, les surfaces de maïs ont augmenté de 82 % en France, dont une grande partie exploitée en monoculture. La monoculture s’implante partout, remplaçant les fermes mixtes (qui passent de 11,1 à 5,6 millions d’hectares cultivés) par des exploitations de grandes cultures (de 5,6 à 9,6 millions d’hectares). Pour certains, cette quête de productivité et la simplification des méthodes culturales sont la seule réponse à l’augmentation de la population mondiale et à l’approvisionnement du marché en produits agricoles. Mais est-ce vraiment le cas ?
Une monoculture de moins en moins rentable
Contrairement aux céréaliers qui ont opté pour la monoculture, d’autres cultivent plusieurs espèces successives selon la technique de la rotation (le plus souvent maïs/céréales/prairie). En 2016, dans le Finistère, une étude menée sur 15 ans a permis de mettre en évidence un meilleur taux de rendement moyen pour le maïs cultivé dans une rotation, comparé au maïs en monoculture : 14,1 tMS/ha contre 11,1 tMS/ha pour la monoculture de maïs. De plus, le nombre de pulvérisation de produits phytosanitaires et de pesticides est moins important sur un maïs en rotation. Dans le Languedoc-Roussillon et en Provence, cette fois-ci, une étude sur une parcelle en rotation tournesol/pois/colza a montré que les parcelles en monoculture affichaient un rendement inférieur de 27 % en moyenne.
En plus de remettre en cause la rentabilité, la monoculture affecte grandement les écosystèmes et la structure des sols. En limitant la biodiversité, cette pratique rend la culture particulièrement fragile aux maladies. Et parce que ce processus de récolte et de culture constante ne permet pas au sol de récupérer les nutriments nécessaires, engendrant l’épuisement de certains éléments nutritifs, les plantes sont d’autant plus vulnérables. Une situation reconnue par la Politique Agricole Commune (PAC) qui encourage la diversification des cultures et qui a, selon elle, « des effets positifs sur la matière organique des sols et leur structure ».