Etat des lieux de la fonte des glaces

En août 2018, les chercheurs avaient constaté pour la première fois que la couche la plus solide de l’Arctique se fracturait. Jusque là, cette partie du cercle polaire ne présentait pas de signes inquiétants mais les vagues de chaleur causées par le changement climatique ont eu raison d’elle. Malheureusement, les bouleversements climatiques ne se traduisent pas seulement par la fonte des glaces. Prolifération d’algues rouges, tunnels d’eaux, diminution de la population d’ours polaires… La situation de l’Arctique comme de l’Antarctique est inquiétante.

Une fonte des glaces aux conséquences multiples

Dans un précédent article, nous avions constaté que l’Antarctique avait perdu plus de 15 % de son épaisseur totale au cours des dernières décennies. Et le processus de fonte s’accélère un peu plus tous les jours. A certains endroits de l’Antarctique, la fonte des glaciers a même triplé en 10 ans seulement ! Le constat est le même en Arctique où le rythme de la fonte des glaces n’a jamais été aussi rapide : en moins de 20 ans, l’Arctique a perdu 1,6 millions de km² de glace. Cette fonte qui semble inexorable a 2 conséquences majeures : la montée des eaux et la destruction de l’habitat des ours polaires.

Depuis le début du XXème, le niveau de la mer a déjà augmenté d’environ 20 centimètres. Mais, à cette allure, il pourrait augmenter de 90 cm à 1,60 m d’ici la fin du siècle. Et certaines régions du monde sont déjà touchées comme la côte du golfe du Lion (nord-ouest de la Méditerranée) qui doit faire face à l’érosion de son littoral due à la montée des eaux de la mer. Chaque année, ce dernier est grignoté de 1 à 2 mètres. A l’heure actuelle, au moins 8 îles du Pacifique ont disparu, avalées par l’océan. La Micronésie et les îles Salomon sont les archipels les plus vulnérables.

Autre conséquence de la fonte des glaces : la diminution de la population d’ours polaires. Face à la disparition de son territoire de chasse, l’ours polaire parvient de moins en moins à constituer des provisions au printemps pour survivre à l’hiver. Ils doivent également dorénavant marcher et nager davantage, à la recherche de leur nourriture. Ces modifications dans leur mode de vie semblent avoir des effets négatifs sur leur reproduction. Aujourd’hui, on estime que la population d’ours blancs serait comprise entre 20 000 et 25 000 individus. D’ici à 2050, elle pourrait diminuer de 30 %.

Le paysage glaciaire change

Depuis plusieurs années, les chercheurs observent un phénomène inquiétant qui bouleverse les paysages du Pôle nord : la prolifération d’une algue rouge. Lorsqu’elle pousse, la chlamydomonas nivalis donne une teinte rosée à la neige. Cette algue des neiges, parfois appelée le « sang des glaciers », est particulièrement présente au printemps. Si elle est présente depuis longtemps en Antarctique, elle semble proliférer et accélérer la fonte des glaces. La chlamydomonas nivalis a la faculté d’absorber la chaleur. Dans les endroits où elle est présente, la neige fond plus vite qu’ailleurs. De plus, cette algue se reproduit plus rapidement dans une eau liquide que dans une eau gelée. Elle devrait donc continuer à se multiplier dans les années à venir…

Autre phénomène qui prend de l’ampleur : l’infiltration subglaciaire. Selon les chercheurs, ces tunnels d’eaux sont « le moyen le plus efficace pour faire fondre la glace ». Et pour cause : des masses d’eau chaude pénètrent sous les glaciers comme c’est le cas pour le glacier Totten. En attendant, la fonte des glaces en arrange bien certains : de plus en plus accessible en raison du réchauffement climatique, la route arctique a pour la première fois été traversée par un porte-conteneurs Maersk Line (plus grande entreprise de transport de conteneurs au monde) pour relier l’Asie à l’Europe.