Déchets plastique en Asie : retour à l’envoyeur !
En 2017, la Chine annonçait qu’elle fermait ses portes à certains déchets venus d’Europe. En tout, 24 types de déchets ont été interdits à l’importation : du plastique mais aussi du papier et du textile. Rappelons que 50% des déchets plastique de l’Union Européenne sont envoyés en Chine soit entre 7 et 9 millions de tonnes chaque année. La Chine ayant durci sa politique, les pays européens se sont tournés vers d’autres pays asiatiques pour se débarrasser de leurs déchets comme les Philippines et la Malaisie. Mais, aujourd’hui, c’est à leur tour de se rebiffer pour ne pas devenir la « décharge du monde ».
Comment nos déchets sont « recyclés »
En matière de recyclage de déchets plastique, la France est loin d’être bonne élève. En 2018, un rapport de l’organisation Plastics Europe montre que son taux de recyclage d’emballages plastiques est de 26,2% seulement soit un peu plus que le strict minimum demandé. En effet, l’article 6 de la directive du 20 décembre 1994, relative aux emballages et aux déchets d’emballages, impose aux états membres de l’UE un taux de recyclage de 22,5% pour les plastiques. A titre de comparaison, l’Allemagne recyclé 50% de ses déchets plastique, 49% pour les Pays-Bas, 45% pour l’Espagne ou encore 42% pour le Portugal. Rappelons qu’Emmanuel Macron souhaitait parvenir à 100% de recyclage des plastiques en France en 2025… Si certains pays européens sont meilleurs élèves que d’autres, cela ne signifie pas pour autant que leur politique de gestion des déchets est irréprochable. Loin de là !
Lorsque 40 ou 50% des déchets plastique sont recyclés, qu’advient-il des autres ? Les déchets plastique que les pays européens ne peuvent ou ne veulent pas recycler sont incinérés ou envoyés dans les décharges à ordures, à l’étranger. Ainsi, la Chine est longtemps restée le premier « pays d’accueil » des plastiques de l’Union européenne. Elle concentre les plus grandes décharges de plastique au monde (sans compter les 16 millions de tonnes de déchets électroniques de l’Occident envoyés en Chine). Une politique mondiale qui conduit à de nombreux problèmes sanitaires et environnementaux. En 2016, par exemple, 20 000 tonnes de déchets ont été déversés dans le lac Tai… qui fournit la ville voisine en eau potable ! Des montagnes de déchets qui, en 2017, ont conduit la Chine a interdire l’importation d’une majorité de plastiques. Selon Greenpeace, les importations de plastique vers la Chine sont passées de 600 000 tonnes/mois en 2016 à 30 000 tonnes/mois en 2018. Mais cette décision a eu d’importantes répercussions sur les pays voisins comme la Malaisie.
Des répercussions en Asie du sud-est
En quelques mois, les importations de plastique en Malaisie ont triplé pour atteindre 870 000 tonnes en 2018. Avec la Thaïlande et les Philippines, le pays est ainsi devenu une nouvelle poubelle pour les pays occidentaux. Les habitants ont du s’adapter à la construction d’usines d’incinération, aux fumées toxiques, aux odeurs et aux amoncellements de plastique sous leurs fenêtres. La décision de la Chine a ainsi eu l’effet d’une bombe dans les autres pays asiatiques, notamment d’Asie du sud-est. Pour autant, ils ne comptent pas continuer à crouler sous le poids de nos ordures.
En mai 2019, les Philippines ont renvoyé vers le Canada 69 conteneurs de déchets envoyés par une société canadienne (qui étaient d’ailleurs recyclables). Une démarche qui a donné des idées à la Malaisie qui va retourner à l’envoyeur (Australie, Canada, États-Unis…) 450 tonnes de déchets plastique. La ministre malaisienne Yeo Bee Yin a réaffirmé que « La Malaisie ne sera pas la décharge du monde. […] Nous ne nous laisserons pas intimider par les pays développés. »