Coup de chaud pour nos habitations
Chaque année en France, la sécheresse provoque des dégâts colossaux sur nos habitations pouvant faire monter la facture à plusieurs centaines de millions d’euros. Le réchauffement climatique accroît nettement le phénomène, mettant ainsi en danger un régime assurantiel très inégal où les victimes luttent pour faire valoir leurs droits.
Exemple dans l’Ain par deux semaines de canicule à 35°C, les fondations d’une maison ont lâché, provoquant ainsi d’énormes fissures dans le sol jusqu’au toit. En effet, la construction sur un sol d’argile (inadéquat au changement), entraîne une rupture des supports suite au phénomène de « retrait-gonflement ».
Ce phénomène s’explique ainsi : comme une éponge, le sol argileux se dessèche lors des fortes chaleurs et lorsqu’il n’y a pas de précipitations, mais lorsqu’il pleut, ceux-ci redeviennent « malléables et souples ». Ces brusques variations des sols peuvent donc entrainer de graves dégâts sur les bâtiments.
Celui-ci est connu depuis les années 1980, si bien qu’il a été reconnu comme relevant du régime d’indemnisation des catastrophe naturelles. C’est la deuxième cause d’indemnisation après les inondations.
Selon la Fédération Française des assurances, entre 1988 et 2013, ont été indemnisés pas moins de 598 000 sinistres relatifs à la sécheresse pour un coût global d’environ 7,6 milliards d’euros.
Ces aléas peuvent être visibles encore plusieurs mois, voire plusieurs années après le sinistre. Les personnes souhaitant être indemnisées doivent prouver que c’est bien la sécheresse qui a causé les problèmes apparents.
En effet, il arrive que beaucoup de dossiers d’indemnisation soient refusés. Des experts sont dépêchés par lesdites assurances, ceux-ci pointent du doigt certaines circonstances comme par exemple un arbre trop proche d’une maison, une fuite d’une canalisation ou la chauffe de la charpente due aux chaleurs et s’en servent de conclusion. Ces sinistrés rentrent donc dans « la bataille des experts » car sans une contre-expertise effectuée par un professionnel, les chances d’obtenir réparation sont moindres.
Mais effectuer les démarches pour obtenir gain de cause reste très couteux : le versement d’une franchise, le financement d’une étude de sol, les démarches administratives lourdes, autant de barrières qui empêchent certaines victimes de faire valoir leurs droits. C’est notamment le cas pour les personnes âgées, restant dans leurs maisons fissurées « comme des passoires », sans aucun moyen pour obtenir réparation.
Pour les dossiers ayant aboutis, la solution réside dans l’installation de micropieux, des tubes métalliques prenant la charge de la maison pour la répartir sur des terrains durs n’étant pas impactés par la sécheresse. Le prix de ces travaux dépend de la taille de la maison, de la typologie du terrain et du nombre de micropieux à installer. En ordre d’idée, cela peut coûter entre 20 000 et 250 000 euros.
En 2020, plus de 4 900 communes ont fait la demande de reconnaissance de sécheresse, mais seulement 2 400 l’ont obtenu.
La sécheresse tend aujourd’hui à devenir une « norme » ce qui rendra plus difficile l’accès au dédommagement puisque ce phénomène ne sera plus classé comme imprévisible, ni comme une caractéristique des catastrophes naturelles. Le Sénat évoque aujourd’hui l’éventuelle création d’un régime spécial pour les sinistres dus à la sécheresse.
Affaire à suivre…