Corridas : entre tradition et maltraitance

Alors que les élections présidentielles approchent, une association française anti-corrida a publié les prises de position de tous les candidats sur la question. Si certains se prononcent pour l’abolition définitive des corridas, d’autres sont plus mitigés et prônent un « meilleur encadrement ». De tout temps, la question délicate de la tauromachie a du mal à être tranchée. Entre tradition et maltraitance, où en est-on réellement aujourd’hui ?

En mai 2016, le gouvernement de la communauté autonome de Castille-et-León annonçait dans un décret-loi l’interdiction des mises à mort en présence d’un public dans une fête traditionnelle. Ce fût notamment le cas lors du Toro de la vega, un « spectacle » au cours duquel un taureau était lâché puis poursuivi par des hommes armés de lances, qui finissaient par tuer l’animal à coups de poignard. Rebaptisé depuis en « Toro de la Peña », cet événement a donc dû revoir ses pratiques. Une avancée en soi, au caractère hautement symbolique… Mais la nouvelle aurait pu être d’autant plus bonne si le Parlement avait inclut les corridas dans ce décret-loi ! Seule la Catalogne a eu le courage d’interdire purement et simplement la corrida en 2012.

Mais si les taureaux mis à mort lors des traditionnelles corridas se comptent par milliers (près de 40 000 taureaux rien que pour l’Espagne, la France et le Portugal), des morts et accidents de toréadors sont aussi à dénombrer. Chaque année, des dizaines meurent ou frôlent la mort lors de ces spectacles :

• Il y a quelques jours, début avril 2017, un jeune toréador de 23 ans s’est vu transpercer le visage à plusieurs reprises par l’animal ;

• En 2016, le célèbre torero mexicain Rodolfo Rodriguez, âgé de 64 ans, a été diagnostiqué tétraplégique suite à des cervicales brisées. Il décédera un mois plus tard ;

• En 2016, Victor Barrio reçoit un coup de corne qui le perfore sur le côté. Il décédera dans la soirée des suites de ses blessures ;

La fin prochaine des corridas ?

La tauromachie rapporte chaque année plusieurs milliers d’euros, génère de nombreux emplois et est l’une des principales attractions pour le tourisme espagnol. Pourtant, dans le dernier rapport du ministère de l’éducation, de la Culture et du Sport, les corridas et tauromachies ont baissé de 7,1% par rapport à 2014 et l’âge moyen des personnes qui viennent y assister se situe entre 55 et 74 ans. La jeune génération serait-elle donc en train de s’en désintéresser ? D’autant plus que, grâce à la grande quantité d’informations qui existe sur le sujet, nombreuses sont les personnes qui prennent conscience aujourd’hui de l’atrocité de ces spectacles. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la corrida n’est pas le 2ème spectacle le plus suivi en Espagne… mais le 10ème, derrière le cinéma, les musées ou encore le football. Seuls 9,5 % de la population espagnole y assisteraient et le nombre de billets de corridas vendus a chuté de 46 % en 2016 !

Il ne s’agit là que d’une première étape, un succès dans le travail de mobilisation des associations protectrices des animaux, même s’il reste encore beaucoup à faire. A l’heure actuelle, l’avenir des corridas semble donc incertain. Nous sommes pourtant certain d’une chose : la tauromachie est vouée à disparaître, car elle fait partie du passé et non de l’avenir !