Démoustication chimique : seule solution contre le moustique-tigre ?
Apparu dans nos régions il y a quelques années, le moustique-tigre fait aujourd’hui partie intégrante de notre environnement. Sa présence et son invasion ont déclenché une vague d’opérations de démoustication sans précédent. Pour certains maires, la solution réside dans l’utilisation d’un insecticide chimique très toxique : la deltaméthrine. Ce dernier est efficace sur les moustiques adultes mais est particulièrement nocif pour la biodiversité, notamment pour les abeilles. Mais que font les communes de France sur ce sujet alors que nous sommes l’un des pays les plus atteints d’Europe ?
Quelles solutions contre le moustique-tigre ?
Actuellement, 2 solutions s’offrent à l’État pour lutter contre le moustique-tigre : la prévention, via des campagnes de sensibilisation pour faire la chasse aux eaux stagnantes, et la démoustication. Lorsque le moustique-tigre a commencé à envahir l’Hexagone, beaucoup de maires ont opté pour la seconde solution, la plus radicale. En août 2018, en Bourgogne-France-Comté, par exemple, l’Agence Régionale de Santé avait lancé une opération de démoustication dans le cadre d’un plan d’urgence. Une opération elle-même demandée sur ordre du ministère de la santé. Pour éradiquer les moustiques tigres adultes, les autorités ont alors pulvérisé un insecticide à base de deltaméthrine.
Ce composé chimique possède des propriétés neurotoxiques : il s’attaque au système nerveux des insectes, raison pour laquelle il est principalement utilisé comme insecticide. Cette opération de démoustication à base de deltaméthrine s’est déroulée dans d’autres villes de France, comme à Fenouillet, en Haute-Garonne. Lors de cette campagne, l’EID Méditerranée (Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen) a du répondre à l’inquiétude des riverains et des apiculteurs.
Le scandale des opérations de démoustication chimiques
Et pour cause : la deltaméthrine est loin d’être une substance inoffensive pour l’homme et les autres insectes. En plus d’être très toxique pour les organismes aquatiques et les animaux domestiques, cet insecticide pyréthrinoïde est également dangereux pour les abeilles. En Nouvelle-Calédonie, face à l’invasion des moustiques, les autorités ont autorisé des épandages de deltaméthrine entraînant une mortalité massive des abeilles et la contamination du miel. Mais elles se justifient en indiquant avec contacté les apiculteurs présents sur la zone (dans la mesure du possible), 24h avant le traitement. Aucune concertation ni aucun débat public. Les apiculteurs n’ont eu d’autres choix que d’accepter les pulvérisations à la deltaméthrine. Mais qu’en est-il des risques sur l’homme ?
Les autorités elles-mêmes le disent : il n’y a pas le moindre danger. Dans ce cas, en l’absence de risques, pourquoi les riverains sont « prévenus à l’avance, pour éviter qu’ils ne sortent de chez eux au moment même où la démoustication est réalisée ». La deltaméthrine est toxique par inhalation ou absorption. Et les habitants sont bien souvent au courant de l’opération de démoustication une fois les fortes odeurs du produit répandues ! En 2015, des chercheurs américains ont fait le lien entre deltaméthrine et syndrome d’hyperactivité chez l’enfant. Il a été démontré que la deltaméthrine entraîne un dysfonctionnement de la dopamine dans le cerveau et multiplie par 2 les risques d’hyperactivité. Comment peut-on allier lutte contre le moustique tigre et milieu naturel ? Comment démoustiquer sans tout tuer autour de nous ? Autant de questions qui mériteraient une réponse rapide de la part des autorités !
La famille des insecticides pyréthrinoïdes (dont le nom finit généralement par -thrine : deltamethrine, cypermethrine, cyflumethrine, tetramethrine, permethrine ….) sont largement utilisées par les professionnels contre cafards, mouches, moustiques, poux, pucerons …
Agissant rapidement par contact avec un effet choc, ils sont très biodégradables, en particulier du fait de la lumière.
Ils sont parmi les moins toxiques des insecticides pour l’homme et les mammifères, mais très toxiques pour certains organismes aquatiques (poissons) ainsi que pour les auxiliaires de l’agriculture (dont les abeilles). Au contact de la peau, ils provoquent parfois des sensations de brûlures et d’engourdissements et des réactions allergiques avec fourmillements intenses, et peuvent provoquer des dermatites, des rhinites ou de l’asthme. Ces réactions sont potentialisées par l’adjuvant Piperonyl Butoxyde (PBO) utilisé pour prolonger l’efficacité du produit.
A fortes doses et en cas d’ingestion accidentelle, les insecticides pyréthrinoïdes peuvent provoquer des vertiges, maux de tête, nausées, contractions musculaires, tremblements, et des convulsions.
source : »La prévention des risques professionnels des insecticides » : http://www.officiel-prevention.com/protections-collectives-organisation-ergonomie/risque-chimique/detail_dossier_CHSCT.php?rub=38&ssrub=69&dossid=517