Interdiction des pesticides chimiques pour les particuliers : à quand pour les professionnels ?
Depuis le 1er Janvier 2019, la vente de pesticides chimiques est interdite aux particuliers. Les enseignes ont donc l’obligation de retirer tous les produits chimiques de synthèse de leur rayon, comme le célèbre Roundup de Monsanto. Mais peut-on réellement se satisfaire de cette décision quand on sait que la vente de pesticides aux particuliers ne représente que 5 % des ventes totales et que l’utilisation de pesticides par les professionnels ne cesse d’augmenter ?
Les pesticides chimiques désormais interdits aux particuliers
Le début d’année 2019 est marquée par une légère avancée dans la lutte contre l’utilisation des pesticides. Ainsi, le site internet du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation vient de mettre à disposition du grand public la liste des produits qui ne sont plus autorisés à partir du 1er janvier 2019. On y retrouve le célèbre Roundup aux côtés d’environ 150 autres produits chimiques de synthèse aux doux noms : Axiendo, Dherbax Dual, Dicophar, Genoxone J ou encore Mollustop. Certaines catégories de produits restent utilisables comme les produits autorisés en agriculture biologique et les produits « à faibles risques ». Cette décision s’inscrit dans la continuité de la loi de transition énergétique pour la croissance verte, votée en 2015 par l’Assemblée nationale. Elle vient également compléter l’interdiction de l’utilisation de produits phytosanitaires par les communes françaises pour l’entretien de leurs parcs publics depuis le 1er janvier 2017.
L’interdiction de la vente de pesticides chimiques aux particuliers est encourageante à la fois d’un point de vue environnemental mais aussi sanitaire. Si une grande partie des jardiniers amateurs ont depuis longtemps revu leur pratique, d’autres n’ont pas toujours conscience des risques encourus liés à l’utilisation des pesticides. Ainsi, 20 % d’entre eux pensent que ces produits sont sans danger ! Mais cette nouvelle interdiction ne peut pas se suffire à elle-même. Au plan national, l’agriculture représente 90 % des volumes de pesticides vendus chaque année !
Qu’en est-il pour les professionnels de l’agriculture ?
Dans notre dossier consacré aux pesticides, nous relevions que plus de 66 600 tonnes de pesticides sont utilisées chaque année dans les cultures agricoles soit plus de 2 kilos de pesticides chaque seconde. Ainsi, la France est le deuxième pays européen concernant les quantités de produits phytosanitaires vendues, après l’Espagne et devant l’Italie. Rappelons que le gouvernement a toujours pour objectif de faire baisser la quantité de pesticides utilisée de 50 % d’ici à 2025 selon le Plan Ecophyto 2… Cette interdiction, qui vise seulement les particuliers et jardiniers amateurs, a donc un goût amer. Les professionnels, quant à eux, reçoivent des interdictions au compte-gouttes ou bénéficient de dérogations leur autorisant de réutiliser « exceptionnellement » des pesticides et herbicides interdits ? De plus, l’usage des pesticides en agriculture a augmenté de 12 % en France entre 2014 et 2016. Chez les particuliers et jardiniers amateurs, en revanche, on a pu observer une forte diminution des quantités utilisées depuis 2008 (- 48 %). Il est donc plus qu’urgent que le gouvernement, qui pense que contourner le sujet est plus facile, prenne des mesures pour réduire les produits chimiques dans les champs.
Bonjour. Il n’y a pas que les professionnels de l’agriculture qui utilisent des pesticides. Une intervention de Virginie Garin sur RTL (10/11/2017) nous indiquait que la SNCF était le plus gros utilisateur de glyphosate en France, sur 95.000 ha. Elle a néanmoins réduit les quantités des deux tiers en 10 ans (on ne nous donne pas de chiffre) mais cela lui coûte encore 30 millions d’euros par an. Une interdiction totale du glyphosate, remplacé par un désherbage mécanique, lui coûterait 500 millions… Selon son habitude, elle a lancé un concours d’idées pour tenter de résoudre le problème.