Étude approfondie sur l’économie verte en France et ailleurs
Le terme d’ « économie verte », tout comme celui de développement durable, a été employé pour la première fois dans les années 80. En l’espace d’une trentaine d’années, ces idées ont pris place dans les programmes politiques et ont dicté des règles et des principes que nous connaissons tous aujourd’hui : le recyclage des déchets, le développement des énergies renouvelables, l’utilisation de nouveaux matériaux pour des constructions plus écologiques ou encore l’aménagement du territoire et l’agriculture biologique. Aujourd’hui, le secteur de l’économie verte représente 4 millions d’emplois en France : un chiffre qui a augmenté de plus de 20 % depuis 2004.
Dans un précédent article, nous avions analysé les données de la dernière étude publiée par l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Ainsi, d’ici 2030, 24 millions de personnes dans le monde pourraient travailler dans le secteur de l’économie verte, notamment dans les pays développés et industrialisés. Les études sur le sujet sont suffisamment rares pour être soulignées… L’OMPE vous propose donc une étude plus approfondie afin de mieux comprendre les enjeux de l’économie verte sur le développement économique des pays du monde.
En France, le nombre d’emplois liés à l’économie verte surpasse celui des autres branches de l’économie
Avec près de 4 millions d’emplois en France, l’économie verte représente une branche économique majeure. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les emplois ne concernent pas essentiellement le secteur primaire. Sur ces 4 millions d’actifs, seuls 2 % travaillent dans le secteur de l’agriculture. Les domaines les plus embaucheurs sont ceux de la production et de la distribution d’énergie et d’eau, de l’assainissement et du traitement des déchets. Selon l’INSEE, en 2010, la gestion des ressources naturelles représentait déjà un quart des emplois, dont la moitié dans la production d’énergies renouvelables. Vous l’aurez compris : les activités économiques, les métiers et les professions liés à l’économie verte se portent plutôt bien. Elles ont même beaucoup plus progressé que le reste des branches économiques.
Selon le dernier rapport d’activité 2016 publié par l’Onemev (Observatoire National des Emplois et Métiers de l’Économie Verte, créé en 2010 « afin d’identifier et de mieux cerner les emplois de l’économie verte dans un contexte de réorientation de notre modèle économique national »), il convient de différencier les éco-activités des activités dîtes « périphériques ». Si les premières produisent des biens et des services ayant pour finalité la protection de l’environnement ou la gestion durable des ressources, les secondes sont beaucoup plus larges. Ainsi, les activités périphériques englobent la production et la distribution d’eau, la gestion des espaces verts ou les transports. Ces 2 branches réunies représentent ainsi près de 4 millions de professionnels en France.
Le développement du secteur de l’économie verte est essentiellement porté par le domaine des énergies renouvelables mais également par celui de l’agriculture biologique. Entre 2008 et 2013, l’Onemev a constaté une évolution moyenne par an de 17,4 % ! Selon l’Agence Bio (Agence Française pour le Développement et la Promotion de l’Agriculture Biologique), l’agriculture bio représentait en 2017 près de 118 000 emplois directs en équivalent temps plein (ETP), soit 32 500 emplois de plus qu’en 2013. En plus des emplois directs qu’elles génèrent, les fermes bio concernent 2000 emplois en matière de conseil, contrôle, formation… Un développement qui devrait perdurer puisque le nombre de demandeurs d’emplois sur les métiers de l’économie verte est stable et que les offres dans le secteur sont en hausse (+14,6 % pour les métiers de l’économie verte contre +6,7 % sur l’ensemble des métiers).
Pourtant, la France est loin d’être pionnière dans le monde de l’économie verte et du développement durable. Alors qu’en est-il dans d’autres pays européens, tournés vers l’économie verte depuis bien plus longtemps ?
L’économie verte fonctionne t-elle ailleurs ?
En 2016, et pour la sixième année, la Suède est arrivée en tête du classement réalisé par le cabinet d’analyse américain Dual Citizen LLC sur les pays les plus écolo et performants en matière d’économie verte. Et le modèle suédois en terme de « green attitude » ne date pas d’hier… Bien qu’elle produise près de 4,4 millions de tonnes d’ordures chaque année, la Suède parvient à recycler ou à réutiliser 99 % des déchets ménagers pour produire de l’énergie. Ainsi, seuls 1% finissent dans des décharges… contre 25% en France !
Début 2018, la Suède s’est même lancé le pari de réutiliser 100% de ses déchets et d’éliminer totalement les décharges d’ici 3 ans. Une avancée de l’économie verte nettement plus importante qu’en France. Cela est également vrai pour les énergies renouvelables qui représentent plus de la moitié de la consommation énergétique finale de la Suède contre un peu moins de 20 % pour la France. La Suède est la preuve même que l’écologie n’est pas incompatible avec la croissance économique. A l’heure actuelle, le taux de chômage suédois continue de baisser (6,3%) et n’a jamais été aussi bas depuis 2008.
Si nous pouvons nous réjouir des progrès réalisés et de la transition effectuée par la France vers un modèle économique plus vert, beaucoup de chemin reste encore à parcourir pour répondre à l’urgence environnementale…