Le ski : un loisir en déclin ?
Le ski a été pendant des années une industrie florissante qui apporte énormément de profit à tous les acteurs des économies locales. Mais est-ce que le réchauffement climatique ne va pas porter un coup d’arrêt à ce loisir qui a atteint son plus haut niveau de gloire dans les années 1980 ? Cette problématique se pose aujourd’hui pour la plupart de nos stations de sport d’hiver ! Contraintes par le réchauffement climatique, oseront-elles effectuer leur virage écologique tant attendu en mettant enfin la nature au cœur de nos préoccupations ?
En France, l’hiver s’est installé progressivement à partir du mois de Novembre 2022, mais aux alentours des fêtes de fin d’année, il y a eu un regain de douceur hivernale. Conséquence, le manque de neige c’est fait cruellement ressentir sur la plupart des massifs de l’hexagone. On a même pu constater que près de 50% des pistes de skis étaient fermées lors de la deuxième semaine des vacances de Noël dans la plupart de nos stations.
On peut alors s’interroger sur l’avenir des stations de ski face à la problématique liée au réchauffement climatique. Certains spécialistes parlaient d’années dites « exceptionnelles », sous-entendu, que tout finirait par revenir à la normale. Mais on remarque bien que ce n’est vraiment pas le cas. Est-ce que la plupart des stations joueront le jeu pour s’adapter au climat et à l’environnement ?
Certains domaines skiables sont plus « à l’abri », s’ils se trouvent au-dessus de 2400 mètres d’altitude. En effet, la majeure partie des précipitations en hiver tombent sous forme solide (neige) et le manteau neigeux reste suffisamment froid pour éviter la fusion, stade pendant lequel celle-ci fond notamment lors de l’arrivée du printemps. Si le temps est plus clément, cela tassera simplement la neige, au lieu qu’elle ne disparaisse.
C’est ainsi que certaines stations, avec l’aide des pouvoirs publics, tentent de viabiliser leurs domaines skiables dès le début de l’hiver. On peut prendre comme exemple la production de neige « artificielle, dite de culture », puisée dans les réserves d’eau mais consommant en contrepartie beaucoup d’énergie. Cette solution sera-t-elle viable sur du long terme ? Malgré le fait que nous vivions dans une période marquée par la hausse des prix de l’énergie et où l’on nous impose de réduire drastiquement nos émissions.
Quelles solutions envisager ?
A- Remonter les pistes de ski en altitude : exemple avec la station de Valloire en Savoie, expliquant qu’il n’y a pas / peu d’avenir pour le ski sur les pistes orientées au Sud en dessous de 2000 mètres d’altitude. Ils ont fait le pari d’abandonner plus de 20% de leur domaine en basse altitude (soit une dizaine de pistes) pour un déplacement en altitude (ouverture de quatre nouvelles pistes). Ce projet occasionna un coût de huit millions d’euros.
Cette solution ne serait pas applicable à toutes les stations notamment celles avec de petits massifs tels que le Jura, les Vosges ou le Massif Central. Remonter les pistes c’est simplement retarder l’échéance permettant de garder en vie le ski alpin pour environ « 30 ou 40 ans ».
Il y aura forcément une perte de clientèle ne trouvant plus l’intérêt de certaines pistes haut placées malgré les divers investissements. De plus, on sait que seulement 8% des Français skient, mais on ne peut prédire combien ils seront dans 30 ou 40 ans.
B- Les canons à neige : chaque année, 39% des pistes nationales y ont recours. Initialement prévus pour pallier au cas de manque d’enneigement, ils sont désormais devenus un moyen systématique de préparation des pistes avant la saison hivernale.
Les demande de subventions pour ce genre d’équipement sont attribués par le conseil régional, quelle que soit l’altitude, le reste est à la charge des stations. Mais aujourd’hui, cela peut représenter une grosse prise de risque financière pour elle puisque cela leur revient à miser sur des éléments qui risquent de manquer au fil des années : l’eau, l’énergie et le froid. Pour rappel, les canons à neige fonctionnent quand l’air ambiant se rapproche de 0°C et il leur faut 1m3 d’eau pour fabriquer 2m2 de neige. Pour un hectare de pistes enneigé il faudrait environ 3000 m2 de neige.
C- Le snowfarming : il consiste à récupérer de la neige existante en vue de la converser d’une année sur l’autre. Accumulée dans une grande fosse puis recouverte d’une couche de pellets de bois lui permettant de se protéger de la saison estivale. On compte entre 20 et 30% de perte (en volume) d’une année sur l’autre. Elle permet notamment d’ouvrir les premières pistes de ski tôt dans la saison ou de garantir le bon déroulement d’un événement sportif.
Cette solution pourrait être envisagée sur le long terme car elle est qualifiée de « propre », avec des dépenses énergétiques « peu élevées » et ayant un « faible impact » sur le cycle de l’eau. Mais encore une fois, cela reste de la théorie car on sait qu’une majeure partie de ces réserves proviennent de canons à neige ; sans parler de l’acheminement en camion jusqu’aux pistes concernées, cela aurait tout de même un impact environnemental.
D- Le modèle des 4 saisons : abandonner le « tout ski » et se diversifier pour découvrir la montagne tout au long de l’hiver, avec ou sans présence de « l’or blanc ». Privilégier l’ambiance d’un village de montagne, s’évader en pleine nature, découvrir la vie locale ou les alentours, … C’est désormais le cas de plus en plus de stations qui espèrent compenser les années de « non-neige » en hiver par un panel d’activités tout au long de l’année.
Cela ne peut pas forcément s’appliquer à toutes les stations en fonctions des équipements, de l’emplacement géographique, des conditions météorologiques, etc. Mais la plupart des stations savent qu’elles n’ont pas vraiment le choix pour continuer à faire du profit hors saison hivernale, pour continuer à exister tout simplement.